Si les hommes savaient, ils se sauveraient eux et les forêts. Des frissons et des larmes à l'unisson arrachaient mon cœur à chaque fois qu'un être se meurt. J'écoutais leurs cris et leurs pleurs quand on leur prenait la vie et le bonheur. J'éprouvais des coups et des douleurs quand ils étaient à genoux transis de peur.
Avant la guerre et qu'ils ne soient à terre, les milliers de troncs tordus ou droits étaient des lumières. Je flânais, les regardais. Leurs branches m'effleuraient, leurs feuilles affleuraient, leur doigts me fleuraient. Je les entendais chantonner les mots de Lara Fabian, Giada Capraro ou Céline Dion . Ensemble, ils hurlaient et dansaient sur les sons, Je t'aime, il mio rifugio, pour que tu m'aimes encore.... Des frissons et des larmes à l'unisson m'envahissaient jusqu'aux aurores.
Et un jour dans la forêt, des machines, tout détruisaient. Leurs corps étaient coupés, leurs racines, dans le vide, pendaient. Leurs troncs n'étaient plus debout, le sol était jonché de boue. Les oiseaux, les animaux fuyaient. Leur maison était pillée. Jadis les hommes avaient du respect pour la forêt, quand ils la coupaient. Avec les chevaux, les bois ils bardaient. C'était hier, c'était une scène de guerre. Avec leur machine, tous les bois ils avaient assassinés. Même plus leurs âmes, leurs ombres ne restaient.
ll y avait l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Et j'entendais les arbres pleurer. Cette scène je l'ai vécu au col de l'Orme à Châteauredon, dans la montagne de Lure et ailleurs. Des frissons et des larmes à l'unisson ont arraché mon cœur de pleurs et de peurs. Les arbres étaient à genoux, j'ai ressenti leurs douleurs. C'était hier, c'était une scène de guerre, un charnier dans un cimetière.
Le temps était pourtant si doux, l'homme était devenu fou. Les souvenirs ne devaient pas mourir. Les jeunes générations devaient s'unir pour sauver leur avenir. Et des frissons et des larmes à l'unisson, ils chanteront au diapason.